Cycle de séminaires "Déchiffrer la dépense de santé" - Séminaire n°2
Le Centre d’analyse stratégique tient en 2010 un cycle de séminaires ayant pour ambition d’analyser la dépense de santé, en distinguant ses différentes composantes et en esquissant ses scénarios d’évolution à moyen et long terme. Il s’agit notamment de mettre en évidence l’impact des nouveaux défis sanitaires (maladies chroniques et « de société », polypathologies du vieillissement, progrès technique toujours plus coûteux) sur l’allocation des ressources au et dans le système de santé.
Séminaire N° 2 :
Comment bien dépenser pour la prévention ?
a eu lieu le lndi 10 mai 2010 au Centre d’analyse stratégique.
Le deuxième séminaire est consacré aux politiques de prévention. « La » prévention est souvent présentée comme une réponse à la fois universelle (elle serait efficace pour l’ensemble des individus) et peu coûteuse (elle permettrait même de faire des économies). A ce titre, elle est souvent invoquée comme une solution « miracle » qui permettrait de concilier maîtrise des dépenses de santé et performances sanitaires. En réalité, la prévention peut certes permettre d’améliorer à coût raisonnable la santé des populations, mais uniquement sous certaines conditions : sélectionner les stratégies les plus efficientes, ne pas augmenter les inégalités de santé, cibler au plus près les groupes à risque.
Ces préalables théoriques étant posés, il s’agit d’examiner les conditions de mise en œuvre des politiques de prévention ainsi définies. La vision transversale nécessaire à l’appréhension des stratégies de santé publique nécessite de repenser des processus de décision souvent trop séquentiels. Une réflexion sur l’organisation du système de soins (organisation des soins de premier recours, outils d’« empowerment » du patient) est également essentielle.
PROGRAMME
Introduction du séminaire par Vincent Chriqui, Directeur général du Centre d’analyse stratégique
Présentation par Sara-Lou Gerber et Virginie Gimbert, chargées de mission au Département Questions sociales du Centre d’analyse stratégique
TABLE RONDE n°1
« Dessiner des stratégies de prévention : comment conjuguer efficience et réduction des inégalités de santé ? »
- « Prévention, précaution : stratégie collective et comportements individuels » par Claude Le Pen, Université Paris Dauphine.
Claude Le Pen est professeur de sciences économiques à l’Université Paris Dauphine et président du Collège des économistes de la santé.
La santé est double : individuelle et collective. Si la maladie, la douleur et la mort ressortent d’une expérience individuelle, leur universalité et les fortes externalités qui leur sont associées les transforment en phénomènes collectifs et donc politiques. La politique de prévention et la gestion des crises épidémiques posent avec acuité la question de l’articulation de ces deux niveaux. Au-delà de la rhétorique habituelle sur les principes de prévention et de précaution, il faut interroger la rationalité particulière d’individus appelés à se pencher sur leur propre santé dans le futur et sur la santé des autres dans le présent.
- « État de santé, emploi des seniors et prévention des risques » par Thomas Barnay, Université Paris-Est Créteil Val de Marne (UPEC)
Thomas Barnay est maître de conférences à l’UPEC, chercheur à l’ERUDITE et à la Fédération de recherche TEPP du CNRS et Directeur du Master 2 Management des établissements de santé de l’UPEC. Il est également membre nommé de la Commission Risques liés à l’environnement du Haut conseil de la santé publique et occupe le poste de secrétaire général du Collège des économistes de la santé.
L’intervention présentera les relations entre état de santé et emploi des seniors dans un contexte de vieillissement démographique accru. Elle mettra en exergue les enjeux économiques de la dégradation précoce de l’état de santé en termes de coûts générés à un niveau microéconomique pour l’individu ou l’entreprise (maladies professionnelles, absentéisme,...) ou à un niveau collectif (impact sur les branches maladie, vieillesse, ATMP). Elle tentera ainsi de souligner les gains potentiels d’efficience des dépenses engagées et les politiques de prévention susceptibles de les susciter.
- « Les inégalités de recours aux soins préventifs : Quel constat ? Quels leviers d’action ? » par Florence Jusot, Université Paris Dauphine.
Florence Jusot, docteur en sciences économiques, est maître de conférences à l’Université Paris Dauphine, chercheur au LEDA-LEGOS (laboratoire d’économie et gestion des organisations de santé) et chercheur associé à l‘IRDES (Institut de recherche et documentation en économie de la santé) et à l’INED (Institut national d’études démographiques). Elle est par ailleurs membre du conseil d’administration du Collège des économistes de la santé.
L’intervention dressera un constat des inégalités sociales de recours aux soins préventifs en France et en Europe puis d’en présenter les causes potentielles afin d’en déduire des leviers d’action. Elle abordera d’abord le rôle des barrières financières, culturelles et informationnelles pouvant expliquer que les populations les plus pauvres et les moins éduquées aient un recours aux soins plus tardif et davantage orienté vers les soins curatifs. Ensuite, elle s’intéressera au rôle du système de soins et de son organisation afin notamment d’expliquer les différences d’ampleur des inégalités de recours aux soins en Europe.
TABLE RONDE n°2
« Mettre en œuvre les stratégies préventives : Quels processus de décision ? Quelle organisation du système de soins ? »
- « Comment aider au choix des stratégies de prévention ? » par le Dr Olivier Scemama, Haute autorité de santé (HAS).
Olivier Scemama est adjoint au chef du service évaluation économique et santé publique de la Haute autorité de santé.
La loi de financement de l’assurance maladie pour 2008 a confié à la HAS une mission médico-économique, concrétisée par la création d’une Commission d’évaluation économique et de santé publique (CEESP). Elle a vocation à éclairer la décision publique notamment dans le cadre des arbitrages à effectuer parmi des actions et des programmes de santé publique (dépistages, optimisation de prescriptions dans le domaine du cholestérol, du diabète, de l’hypertension artérielle). Ses travaux témoignent de l’utilisation croissante de nouveaux outils décisionnels, mais également de la difficulté qu’ils peuvent avoir à trouver leur place dans le processus de décision existant.
- « Quelle organisation du système de soins pour favoriser les pratiques de prévention ? » par Yann Bourgueil, Institut de recherche et documentation en économie de la santé (Irdes).
Médecin spécialiste en santé publique, Yann Bourgueil est directeur de l’Institut de recherche et documentation en économie de la santé (IRDES). Il coordonne l’équipe Partenariat de recherche sur l’organisation pluridisciplinaire des soins de premiers recours (Prospere).
Trop souvent appréhendées à travers des programmes cloisonnés, les politiques de prévention nécessitent de repenser l’organisation des soins. Il est possible en effet de déterminer des formes d’organisation plus adaptées à la prévention et qui répondent au souci de ne pas aggraver les inégalités de santé. La présentation s’appuiera sur l’exposé de pratiques étrangères et d’expériences concrètes pour dessiner des perspectives pour le système français.
- « Quel rôle peuvent jouer les régimes d’assurance maladie pour amener l’individu à avoir une gestion active de son capital santé : l’exemple du parcours de prévention au RSI » par Stéphanie Deschaume, Régime social des indépendants (RSI).
Stéphanie Deschaume, économiste de la santé, est directrice adjointe santé de la Caisse nationale du Régime social des indépendants (RSI).
Le RSI a fait de la prévention un des axes prioritaires de son offre de service aux professionnels indépendants, qui tendent à recourir moins souvent et plus tardivement au système de soin que la population générale. Il a développé à cet effet un parcours prévention proposant une offre de prévention personnalisée en fonction notamment de l’âge, de la profession et des risques santé.
18.00 : Clôture du séminaire par Marine Boisson, chef du département questions sociales.
CONTACT PRESSE :
Jean-Michel Roullé
Responsable de la Communication
Centre d’analyse stratégique
18 rue de Martignac, 75007 Paris
Tél. 01 42 75 61 37
Les ressources
- Consulter la note de Veille 167 : Vaut-il toujours mieux prévenir que guérir ? Arguments pour une prévention plus ciblée
- Télécharger le programme du séminaire n°2 en PDF
- Intervention de Claude Le Pen
- Intervention de Thomas Barnay
- Intervention de Florence Jusot
- Intervention de Olivier Scemama
- Intervention de Yann Bourgueil
- Intervention de Stéphanie Deschaume
- Le premier séminaire : Le consentement au financement de la santé. Combien les français sont-il prêts à consacrer aux dépenses de santé ? cliquer
- Le troisième séminaire : Quinze années de réformes plus tard... Y a-t-il des marges d’efficiences à l’hôpital ? cliquer