
Document de travail (2012-3) - Politique budgétaire en équilibre général : une analyse appliquée à la zone euro
Ce document s'attache à rationaliser et à évaluer, dans un modèle d'équilibre général appliqué à la zone euro, différentes politiques budgétaires de relance et de consolidation, en fonction de la vitesse et de la composition de l'ajustement. Cette question a été éludée dans la littérature examinant la politique budgétaire en équilibre général, qui privilégie le financement forfaitaire des dépenses publiques et étudie la persistance du choc de relance. A partir d'un modèle néokeynésien en économie ouverte, avec un bloc détaillé d'instruments budgétaires qui réagissent à l'évolution de la dette publique, trois résultats sont mis en avant.
Premièrement, certains travaux récents, qui considèrent la vitesse de l'ajustement budgétaire comme donnée, présentent des résultats sensibles à ce paramètre. Ainsi, la croissance de la consommation privée après une augmentation des dépenses publiques, que mettent en évidence Corsetti et al. (2012), ne peut être reproduite que pour une vitesse rapide de l'ajustement.
Deuxièmement, l'efficacité à stimuler la production dépend fortement de l'instrument de relance privilégié. Les multiplicateurs les plus importants, supérieurs à l'unité, sont ceux de l'investissement public, puis de la consommation publique et des transferts vers les ménages contraints financièrement. Ces trois instruments assurent un autonancement à court terme, avec un ratio dette publique sur production qui décroît, du fait d'une augmentation de l'assiette des impôts et de la croissance de la production. Les baisses de taxes qui favorisent l'offre de biens ont en revanche des effets plus faibles sur la production, qui diminuent encore si la demande se contracte du fait de la baisse des dépenses publiques.
Troisièmement, si l'anticipation d'un ajustement plus rapide après une relance peut avoir des effets positifs sur la production à court terme, via des taux d'intérêt plus faibles, les effets négatifs sur la demande dominent largement à moyen terme. Dans le cas d'un ajustement rapide, l'impact négatif sur la production sera moins fort s'il passe davantage par une augmentation des recettes que par une diminution des dépenses. Enfin, la composition de l'ajustement joue un rôle plus faible sur la production lorsque l'ajustement est très graduel.
- Classification : JEL : E62, E63, F41
- Mots clés : politique budgétaire ; relance budgétaire ; impôts distorsifs ; multiplicateur budgétaire ; modèle néokeynésien
- Auteur : Thomas Brand, Chargé de mission au départenement économie finances.
- n° 2012 - 03, juin 2012